Peut-être en avez-vous entendu parlé, Viceland, la chaîne TV du magazine Vice, a débarqué aux États-Unis il y a quelques semaines ! Deuxième nouvelle, Viceland arrivera en exclusivité pour les abonnés Canalsat à partir de l'automne 2016.
Dans la continuité de sa ligne éditoriale web, la chaîne proposera — aux U.S. en tout cas — des contenus "lifestyle" et culturels (musique, food, sexualité, mode, film...) dans un format immersif à destination des 15-35 ans. J'avais déjà abordé ces idées avec l'opération #LikeWhatYouHate de la chaîne.
La chaîne proposera des contenus 24h/24 qui seront distribués dans trois parties : "intelligent & malin", "léger & amusant" ou "profond & dangereux". Aucun doute, l'identité de Vice sera respectée.
L'identité de Viceland, parlons-en !
Voici le moodboard de l'agence qui s'est occupée de Viceland : Gretel NY. Oui, c'est l'un des plus déprimants de l'histoire du design graphique, et en même temps, l'un des plus géniaux.
Vice avait une demande bien spécifique pour sa TV : une image informative, venant ponctuer le contenu, mais restant en retrait le plus possible. Étrange exigence, et pourtant justifiée !
Puisque tout est développé, produit et promu par la chaîne, l'identité de celle-ci passera essentiellement par ses reportages. On a d'ailleurs appris que Viceland développerait son propre format de publicité en collaboration avec les marques. Des spots plus longs, plus esthétiques, plus... immersifs ! Une sorte de brand content vidéo.
De ce fait, le branding n'a pas besoin d'imposer un style visuel pour unifier des entités disparates. La difficulté était donc de créer une marque laissant le contenu s'exprimer.
L'identité de Viceland tourne donc autour de deux éléments : une Helvetica en une seule graisse et un jeu de typographies en noir sur blanc. Soyons clairs, le logotype est plutôt inintéressant. En revanche, l'approche minimaliste des autres éléments graphiques que vous allez découvrir par la suite est très habile !
Avec sa simplicité et son minimalisme, le travail de Gretel est remarquable. On ressent clairement une structure et un rythme derrière les compositions typographiques permettant d'unifier l'ensemble.
Pour ce qui est des animations, Gretel a là aussi fait simple : pas d'effet, pas de technique. Les animations sont basiques. Elles se construisent sur deux mouvements : l'apparition nette et le glissement. En les combinant, on obtient des clignotements, des ondulations, des vagues... tout en gardant une esthétique frontale, à l'image des reportages de la chaine TV.
La Helvetica, le choix par défaut
Durant mes études de graphisme, j'ai trop souvent entendu dire que la Helvetica était un choix par défaut, voire même un non-choix... Bref, la typographie éviter tant elle est utilisée.
Non.
« Neutre » ne veut pas dire « sans identité » — pensez aux Suisses ! Comme toutes les typographies, la Helvetica peut être magnifique, cela dépend de la pertinence de son utilisation — oui, nous frôlons la déclaration d'amour typographique.
Le choix de cette police pour l'identité de Viceland donne une image rebelle à la chaîne, à côté du "comme il faut". Dans une société où chaque marque cherche à impressionner et à être la plus accrocheuse, Viceland revendique sa différence et son authenticité.
En voulant paraître négligée, presque faite "à-la-va-vite", l'identité de Viceland se pare d'une remarquable force et c'est exactement ce que l'on attend du magazine.
Un très belle identité à mon sens. Bien construite et plus poussée que l'identité graphique du média Brut, qui utilise pourtant aussi la typographie Helvetica de la plus simple des manières.